Art Social, Genève GE et La Chaux-de-Fonds NE

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Œuvre philanthropique d’éducation artistique, implantée à Genève (1902-42) et à La Chaux-de Fonds (1906-86)

Inspirée des idées esthétiques de William Morris et des théories sur l’éducation populaire, l’Union pour l’A. se donne pour but de favoriser l’accès des couches sociales populaires aux beaux-arts, à la musique, à la littérature afin d’y former le goût du Beau, qui dans l’esprit de ses dirigeants ne connaît pas les distinctions de classe. Fondée à Genève en 1902 par l’éditeur Charles Eggimann et des personnalités influentes du christianisme social comme Auguste de Morsier et William Viollier, l’A. reçoit aussi le soutien de dirigeants ouvriers comme le syndicaliste socialiste Jean Sigg. Les représentations théâtrales attirent la majorité du public de l’A. genevois. En jouant L’Avare de Molière à la Brasserie Handwerk (1904), →Ernest Fournier est l’un de ses premiers collaborateurs. Au sein de l’A., Fournier rencontre William Viollier, futur administrateur de la Comédie, et l’architecte Henry Baudin, le concepteur du bâtiment actuel du boulevard des Philosophes. Fournier et la troupe de →La Comédie qu’il fonde en décembre 1909 à la →Salle communale de Plainpalais, Genève GE, donnent régulièrement pour l’A. des représentations d’œuvres classiques comme Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (1911) et On ne badine pas avec l’amour de Musset (1912) puis, au boulevard des Philosophes, Ruy Blas de Victor Hugo, Les Fourberies de Scapin de Molière (1913), Les Plaideurs de Racine, Le Bourgeois gentilhomme de Molière (1916), La Mégère apprivoisée de Shakes­­peare (1918) ou encore Le Légataire universel de Regnard (1919). Dès 1907, l’A. est aussi chargé par la Ville de Genève d’organiser des représentations populaires au →Grand Théâtre, permettant au public ouvrier de découvrir le répertoire lyrique et des œuvres nationales comme Les Armaillis de →Gustave Doret (1916). Dès sa fondation, l’A. bénéficie de la collaboration de nombreuses sociétés d’amateurs. Parmi les plus assidues se trouvent la →Société genevoise des amis de l’instruction, qui présente entre autres L’Araignée de Walter Biolley (1905), puis Vieil Heidelberg de Wilhelm Meyer-Foerster (1907), et la société d’étudiants de Belles-Lettres qui donne par exemple, à la Salle communale de Plainpalais, la fantaisie musicale Par les bois d’→Émile Jaques-Dalcroze et Philippe Monnier (1919). De même, une autre société d’étudiants genevois, Zofingue, monte sur la scène des Amis de l’instruction Mademoiselle de la Seiglière de Jules Sandeau (1904) et Crainquebille d’Anatole France (1907). De 1909 à 1912, le comité de l’A. confie l’essentiel de son affiche théâtrale au comédien et promoteur artistique Albert Berger, qui lui permet d’accroître le contrôle sur le répertoire et d’organiser des représentations dans les quartiers populaires de la ville et des communes environnantes. Parmi les pièces présentées à cette époque, on relève Les Loups de Romain Rolland à la Salle communale de Plainpalais (1910), L’Ami Fritz d’Erckmann-Chatrian ou encore Le Duel d’Henri Lavedan (1910/11). Bien d’autres artistes soutiennent l’A., et notamment →Georges Pitoëff et →Ludmilla Pitoëff qui interprètent dans ce cadre La Puissance des ténèbres de Tolstoï à la →Société genevoise des amis de l’instruction (1917). Après le premier conflit mondial, l’A. genevois entame un lent déclin jusqu’à sa dissolution en 1942. Avec des initiatives, comme les prix d’entrée modiques, les spectacles dans les communes rurales, ou l’aménagement d’infrastructures dans les quartiers populaires, telles que la scène de théâtre bâtie dans la Salle de réunion du quartier des Pâquis (1910), l’action de l’A. pendant quarante ans préfigure les politiques publiques de diffusion culturelle de la seconde moitié du XXe siècle. À La Chaux-de-Fonds, en 1906, un Comité d’art social est fondé, à l’initiative du pasteur Paul Pettavel. L’œuvre est parrainée par l’Église indépendante et reste ensuite attachée à l’institution réformée neuchâteloise après la fusion des églises (1943). Comptant parmi ses premiers soutiens, le chef d’orchestre genevois Willy Rehberg donne en 1906 une conférence sur Le Rôle social de l’art (ou l’art et le peuple) et Ernest Fournier présente La Paix chez soi de Courteline (1907). L’A. chaux-de-fonnier, qui cherche à combiner les objectifs de distraction et d’élévation, organise surtout des conférences, des veillées littéraires et de musique religieuse. Un soir par saison, une représentation théâtrale donnée à la Croix-Bleue locale attire entre 500 et 700 spectateurs, notamment pour Le Luthier de Crémone de Coppée (1908), Blanchette de Brieux (1911), La Poudre aux yeux de Labiche (1913) et Judith Renaudin de Pierre Loti (1916). À partir des années vingt, les représentations dramatiques sont assurées par des bénévoles menés par René et Madeleine Junod, qui jouent surtout des comédies comme Monsieur Bourdin, profiteur de Georges Montignac (1921), Fanny et ses gens de Jérôme K. Jérôme (1928), Trois pour cent de Roger Ferdinand (1935), ou Knock ou le Triomphe de la médecine de Jules Romains (1938). Après le décès de René Junod (1964), et malgré la dissolution du noyau de comédiens historiques, l’œuvre poursuit son activité grâce à son épouse Madeleine. À l’enseigne de l’A., cette dernière organise jusqu’en 1986 des spectacles à prix modiques, et soutient de ses dons notamment le Chœur mixte de l’Église réformée locale.

Bibliographie

  • Christine Amsler, "La Comédie de Genève, une réalisation de l’Union pour l’Art social ?", in Des pierres et des hommes, Lausanne, 1995.

Archives

  • Rapports de l’Union pour l’A., Bibliothèque publique et universitaire de la Ville de Genève.


Auteur: Jorge Gajardo Muñoz



Source:

Muñoz, Jorge Gajardo: Art Social, Genève GE et La Chaux-de-Fonds NE, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 1, p. 74–75.