Émile Jaques-Dalcroze

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* 6.7.1865 Vienne (A), † 1.7.1950 Genève. ∞ 26.12.1899 →Nina Faliero, cantatrice. Pour l’état civil Émile Jaques. Cousin de →Jaques Bonarel, directeur du →Théâtre de Lausanne.

En parallèle avec des études classiques à Genève (1875-83), J. étudie au Conservatoire (1875-83) avec le pianiste Oscar Schulz et →Hugo de Senger. Il compose alors notamment sur des livrets de Philippe Monnier La Soubrette, qui est présentée par la →Société genevoise des amis de l’instruction (1881), et Par les bois montée à Genève sous la direction d’Hugo de Senger (1888). Il s’installe à Paris (1884-86) où il suit les cours d’art dramatique de Talbot, ex-sociétaire de la Comédie-Française. Il travaille les branches théoriques de la musique avec Albert Lavignac et rencontre aussi à cette époque Gabriel Fauré. Après une saison comme second chef d’orchestre au Théâtre des Nouveautés d’Alger (1886/87), il suit des cours de piano, d’harmonie, de contrepoint et de composition, entre autres avec Anton Bruckner, à l’Académie de musique de Vienne (1887-89). À Paris (1889-90), il étudie l’instrumentation avec Léo Delibes, le rythme et l’expression avec Mathis Lussy. De retour à Genève (1891), il se voit confier par le Conservatoire, à la mort d’Hugo de Senger, la classe d’harmonie (1892-1910); il peut aussi ouvrir durant cette même période deux nouvelles classes de Solfège supérieur (dès 1892) et d’Improvisation (1898). Il déploie alors une activité débordante de compositeur, pianiste, chansonnier, conférencier, journaliste et de pédagogue. Ses compositions, souvent jouées en Europe, se succèdent à un rythme soutenu; après la première audition de fragments de son opéra Le Violon maudit et de l’oratorio La Veillée à la salle de la Réformation à Genève (25.1.1893), le →Grand Théâtre de Genève crée Janie, idylle musicale en trois actes dont Philippe Godet écrit les paroles (13.3.1894). Sur un livret de →Daniel Baud-Bovy, il compose le Poème alpestre, festspiel de l’Exposition nationale de 1896 à Genève (27.5.1896), et durant cet été-là, il improvise aussi au piano durant les spectacles d’ombres du Théâtre du Sapajou. Produit par le Grand Théâtre de Genève, son opéra-comique Sancho (27.5.1897) attire sur lui l’attention de divers critiques qui le considèrent comme l’inventeur de la comédie lyrique française moderne. Il écrit alors ses œuvres les plus ambitieuses (1900-10), dont deux concertos pour violon et orchestre (1901, 1908) et une Tragédie pour soprano et orchestre (1906). Il est l’auteur de la musique de scène de L’Eau courante d’Édouard Rod, spectacle présenté au Théâtre de Lausanne (4.2.1907), compose des œuvres lyriques dont Le Bonhomme Jadis, créé d’abord en allemand sous le titre Onkel Dazumal au Neues Theater de Cologne (25.5.1905), puis en français à l’Opéra-Comique à Paris (9.11.1906), et Les Jumeaux de Bergame réalisés au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles (30.3.1908). Pour commémorer le centenaire de l’entrée du canton de Vaud dans la Confédération, il écrit texte et musique du Festival vaudois, festspiel que Firmin Gémier vient mettre en scène à Lausanne, sur l’esplanade de Beaulieu (4.7.1903). De même, pour célébrer le centenaire du rattachement de Genève à la Suisse, il compose la Fête de juin, festspiel sur des paroles de Daniel Baud-Bovy et Albert Malsch, autre immense mise en scène réglée par Gémier, sur un plateau donnant au fond sur la rade de Genève (2.7.1914). Attentif au développement musical de l’enfant, il compose de premières Rondes enfantines (1898), puis un cycle de chansons de mai, Le Jeu du Feuillu (1900), et pose les bases de la →rythmique. Un institut est alors fondé à son intention en Allemagne, à Hellerau, le Bildungsan­stalt für Musik und Rhythmus, et il s’y installe pour enseigner sa méthode (1910-14). Il dispose là d’un groupe d’étudiants rythmiciens, d’une vaste salle de spectacle dont la scène est conçue selon les idées du scénographe →Adolphe Appia et d’un orchestre symphonique. Il monte là des spectacles qui attirent l’élite artistique européenne. Au début de la Première Guerre mondiale, il signe la protestation des intellectuels suisses contre la destruction de la cathédrale de Reims par les armées allemandes et sa prise de position suscite une violente campagne de presse en Allemagne qui amène la fermeture de l’Institut de Hellerau. À Genève, il fonde et dirige dès 1915 l’Institut J.-D. qui est désormais le centre principal d’enseignement de sa méthode. Il compose alors essentiellement des chansons et des rondes enfantines ou des cantates pour enfants, souvent montées à l’Institut, comme Les Belles Vacances (1920). Il imagine aussi de grands jeux musico-scéniques, unissant adultes et enfants, professionnels et amateurs, notamment La Fête de la jeunesse et de la joie créée au Palais électoral de Genève (7.6.1923), puis Le Joli Jeu des saisons (30.5.1934) et Le petit roi qui pleure (21.2.1932), créés au Grand Théâtre de Genève. Si la modernité de son action sur le plan de la pédagogie et du mouvement est aujourd’hui reconnue, son œuvre de compositeur reste à redécouvrir.

Bibliographie

  • Hélène Brunet-Lecomte, J. sa vie, son œuvre, Genève, 1950.
  • Frank Martin, É. J., l’homme, le compositeur, le créateur de la rythmique, Neuchâtel, 1965.
  • Alfred Berchtold, É. J.-D. et son temps, Lausanne, 2000.
  • Jacques Tchamkerten, É. J.-D. Catalogue thématique des chansons, chœurs et mélodies, Genève, 2000.


Autrice: Christine Klaus



Source:

Klaus, Christine: Émile Jaques-Dalcroze, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 2, p. 918–919

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