Jean Monod

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*  13.2.1922 La Chaux-de-Fonds NE, †  3.12.1986 Lausanne VD. De son vrai nom André Albert Jeanmonod. ∞ 1948 →Éliane Guyon, mime.

Il étudie les beaux-arts à La Chaux-de-Fonds et à Zurich, puis fait des études de lettres à l’Université de Neuchâtel où il entre à la société de Belles-Lettres: il réalise les décors, dessine les costumes et parfois met en scène les représentations théâtrales de ces étudiants (1947-49), notamment pour La Première Famille de Jules Supervielle que monte Éliane Guyon et La Coupe enchantée de La Fontaine présentée par →Jean Kiehl (1949). En 1950, il s’installe avec sa femme à Paris et réalise des marionnettes qu’ils animent tous deux au cours des années cinquante dans les cabarets parisiens comme La Colombe, La Rose rouge, Les Trois Baudets. Avec elle et →Marcel Imhoff, il participe à Rome au projet de recherche d’Alessandro Fersen sur le mouvement, alternant mime et marionnettes pour l’ouverture du Teatro I Nottambuli (1951). Durant la saison 1953/54, il présente avec elle aux →Faux-Nez à Lausanne durant l’automne Mimes et Dessins, caricature des spectateurs, L’Étranger au théâtre d’André Roussin, et quelques sketchs; puis il réalise des marionnettes géantes pour l’→Histoire du Soldat de →Charles Ferdinand Ramuz et Strawinsky qu’elle met en scène avec →Charles Apothéloz (1954). Il dessine les costumes pour trois réalisations de Jean-Pierre Stemmer, Un fil à la patte de Feydeau au caveau du →Théâtre du Vieux-Quartier à Montreux (1956), et dans la cour du Château de Chillon, La Locandiera de Goldoni (1956) puis La Nuit des Rois de Shakepeare (1958). Charles Apothéloz fait appel à lui pour concevoir décors et costumes du →Centre Dramatique Romand (CDR) au Théâtre Municipal de Lausanne (TML) et en tournée. En dix ans (1960-69), il s’occupe ainsi d’une trentaine de spectacles, à commencer par Romulus le Grand de →Friedrich Dürrenmatt qu’Apothéloz met en scène à Lausanne et à la →Comédie de Genève (1960), de même que La Visite de la vieille dame (1961), Les Physiciens (11.12.1962) puis Hercule et les écuries d’Augias à Vidy (24.10.1964), du même auteur; avec Apothéloz, il travaille aussi pour Le roi se meurt d’Ionesco (1965), Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller (1965), Marie Stuart de Schiller (1966), dessine les costumes d’Andorra (19.3.1963), ainsi que le dispositif et les costumes de La Muraille de Chine au →Théâtre de Beaulieu (12.4.1967), deux pièces de →Max Frisch. Aux Faux-Nez, il prépare sous la conduite d’Apothéloz décors et costumes pour Le Brave Soldat Chveik d’après Hasek (19.6.1962) et America Hurrah de Van Itallie (4.3.1969). Il réalise par ailleurs la statue géante de Gulliver à l’Exposition nationale suisse de Lausanne en 1964. Au CDR, il travaille avec →Benno Besson à la création en français de Sainte Jeanne des abattoirs de →Bertolt Brecht (8.5.1962), décore et costume deux pièces de Shakespeare et quatre de Molière pour →Paul Pasquier, collabore avec →Paul-Henri Wild, →William Jacques, puis avec →Philippe Mentha pour la réalisation de En cause J. R. Oppenheimer de Kipphardt (1966), et crée avec →Armand Abplanalp L’homme qui monte la garde de →Gérard Valbert (9.4.1963). Alors que →Richard Vachoux dirige le →Nouveau Théâtre de Poche de Genève, il réalise les décors et dessine le plus souvent les costumes d’une dizaine de spectacles, à commencer par Le Mariage de M. Mississippi de Dürrenmatt que met en scène Gérard Carrat (1964), et plusieurs spectacles présentés par Vachoux dont La Fête noire d’Audiberti et Jacques ou la Soumission d’Ionesco (1969), la création en français de La Métaphysique d’un veau à deux têtes de Witkiewicz (30.10.1970) et Une petite douleur de Pinter (1972), ainsi que L’Abattoir de Mrożek monté par Dominique Lambert (5.2.1974); il y met en scène lui-même une adaptation de →Jacques Probst, Alice au Pays des merveilles d’après Lewis Carroll (5.4.1974). À la Comédie, il réalise décors et costumes pour On ne badine pas avec l’amour de Musset (1973), L’École des femmes de Molière (1973), Cent millions qui tombent de Feydeau (1974) que monte Vachoux, puis avec →Jean Bruno et →Camille Fournier le décor d’Harold et Maude de Colin Higgins (1978). Il y met en scène et réalise l’environnement scénique pour Le Roi Louis de Pankowski (1973). À la fin des années soixante, il est décorateur, costumier et assistant de Peter Brook avec la National Theatre Company à Londres, notamment pour Oedipus de Sénèque, monté en carnaval phallique au printemps 1968, et prépare avec lui Orghast pour le Festival de Shiraz 1972, à Persépolis. Dès le milieu des années septante, il est engagé pour la →Fête des Vignerons de Vevey 1977, avec →Henri Debluë pour le poème, →Jean Balissat pour la musique et, sur le tard, Apothéloz pour la mise en scène. Il dresse le plan des estrades, avec des gradins comme des parchets de vignes, étagés sur une pente tournée vers le lac pour la première fois depuis les origines de la fête. Il dessine les costumes et attributs pour plus de quatre mille figurants de cet événement populaire, où dominent une teinte par saison et surtout les ors et les mauves. Il imagine l’emblème de la fête, un Soleil jaune, noir et or, comme un faunesque flocon. Il réalise encore de même, sous la direction d’Apothéloz, la Fête du blé et du pain à Echallens (1978), et consacre surtout ses dernières années à son œuvre picturale. Il a exposé notamment à la Galerie de l’Ancien Montreux (1957), à Lausanne à la Galerie Mélisa (1964,) à Paris (Le Soleil dans la Tête, Salon de mai), à Genève, en Italie. Il participe en Belgique au groupe de Fantasmagie. Il illustre douze volumes des romans de Victor Hugo (1960-62) et celui contenant quatre pièces de Dürrenmatt (1961) publiés par les éditions Rencontre à Lausanne, ainsi que quelques romans parus chez Édito-Service à Genève (1970-73) et trois pièces de →Jacques Mairens imprimées pour les éditions Poésie vivante à Genève (1983). Il collabore par ailleurs à Jeune Poésie et à la Revue Bizarre.



Auteur: Joël Aguet



Source:

Aguet, Joël: Jean Monod, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 2, p. 1262–1263, voir figure p. 1262.