Alfred Gehri
* 28.3.1895 Morges VD, † 8.1.1972 Morges VD. ∞ IIo (3.7.1934) à Paris, Olga Nosoff, princesse Lobanov-Rostowsky.
Après un apprentissage de commerce à Morges (1911-14), il est mobilisé durant la Première Guerre mondiale. Ensuite, il séjourne à Zurich, puis à Berlin, d’où il envoie des chroniques à la Revue suisse du cinéma, publiée à Lausanne (1920-22). Il écrit le scénario et réalise L’Enfance qui meurt, film sur la famine en Russie tourné à Berlin et en Pologne (1921/22). Pour le cinéma, il écrit et réalise encore l’année suivante une pochade Le Satyre du Bois-Gentil (1923) tourné sur les bords du Léman, avec notamment parmi les acteurs Georges Oltramare et →Gaston Faravel. Avec la même équipe et le soutien de →René Morax, il réalise au →Casino de Morges sa première pièce, en un acte, Le Magasin de pompes funèbres (3.1.1924). Dès 1924, il s’installe à Paris où il est secrétaire général des éditions Baudinière (1924-25) et du Théâtre Albert-Ier (1925/26). Il écrit des romans populaires, puis il est administrateur de la Compagnie Pitoëff à Paris, de septembre 1929 à 1932. Ensuite, il mène une activité de journaliste et d’auteur dramatique. Plusieurs de ses seize pièces en un acte sont créées à Paris, dont Le Mariage des frères siamois au Théâtre Albert-Ier (4.11.1925), Deux vieux amis au Théâtre Michel (7.2.1931), La Femme au masque (1.4.1935) comme Au sous-sol (18.4.1939) au Grand Guignol, et surtout Le Bureau central des idées à La Michodière (24.4.1937); cette rapide comédie de l’ingéniosité salariée est publiée par La Petite Illustration (25.9.1937), offrant à l’auteur un premier succès marquant, joué longtemps dans de nombreux pays. Son premier texte en trois actes, 6eétage, est créé hors saison au →Théâtre Municipal de Lausanne dans une mise en scène de →Jean Mauclair (11.3.1937); il est repris six mois plus tard à Paris au Théâtre des Arts, où il rencontre une extraordinaire adhésion du public. Trente ans plus tard, traduit en vingt-cinq langues, 6e étage passe les 15’000 représentations. Publié d’abord par La Petite Illustration (27.11.1937), puis à Genève par Pierre Cailler (1947), cet habile enchaînement de tableaux naturalistes touchants fait s’entrecroiser sur le palier du dernier étage d’un immeuble parisien tout un petit monde humble et vivant. G. en prolonge les aventures avec Les Nouveaux du 6e étage (21.9.1943) puis Les Derniers du 6e étage (29.12.1955), deux suites présentées en français d’abord à Lausanne, et pour la dernière précédée d’une version allemande au →Schauspielhaus de Zurich (17.3.1955). L’auteur a raconté ce succès dans un livre de souvenirs: [[Le Roman d’une pièce, 6e étage]] (1947). Il est de retour à Morges dès 1938 et ses principales pièces sont dès lors créées en Suisse romande, à commencer par une autre réussite, prolongée et internationale: Une bonne soirée, un acte donné à la →Comédie de Genève (16.3.1936), joué et publié à Paris, qui passe les 10’000 représentations et se trouve développé en trois actes sous le titre Les Amis terribles que monte →Jean Hort à la Comédie (28.11.1939). Figure de proue du courant "(boulevardier)" des auteurs dramatiques romands, il peut notamment compter pour la diffusion de ses pièces, outre quelques parutions à Paris, sur la revue genevoise Le Mois théâtral dirigée par Albert Verly qui en publie les deux tiers. Sur la dizaine d’ouvrages en trois actes qu’il a fait représenter, on peut retenir ainsi Un illustre inconnu monté au →Casino-Théâtre par →Alfred Penay (26.11.1943) et Le Club du 29 février créé sur les ondes de la Radio Suisse Romande (20.2.1968). Il s’est intéressé aux anciens émigrés suisses devenus célèbres, en a tiré des articles, des émissions de radio ou de télévision et La Caverne des grands voleurs, quatre actes sur les débuts parisiens de la Suissesse Marie Grosholtz, future Madame Tussaud, pièce créée à la Comédie par →Maurice Jacquelin (6.12.1945). Son adaptation du Revizor de Gogol, montée à La Comédie (1944), fut aussi présentée par →Charles Apothéloz au →Théâtre de Beaulieu à Lausanne (1958). Il est l’un des fondateurs en 1940 de la Société des auteurs dramatiques romands devenue Société romande des auteurs dramatiques, membre et président fondateur (1946-69) de la Section romande de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques de Paris, future →SSA. Il est fait en 1947 Chevalier de la légion d’honneur et en 1966 bourgeois d’honneur de la Ville de Morges.
Auteur: Joël Aguet
Source:
Aguet, Joël: Alfred Gehri, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 1, p. 689–690.