Théâtre de Vevey, Vevey VD

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Lieu de production (1868-98) puis d’accueil

Deuxième ville du canton de Vaud sur le plan démographique jusqu’au milieu du XXe siècle, Vevey accueille les troupes théâtrales de passage entre Lausanne et Fribourg ou Berne, mettant à disposition de celles-ci divers lieux comme le Pressoir du Chapitre (1751), la salle du tirage à l’arc (1787) ou autorisant la construction provisoire d’un théâtre en bois sur la place du Marché (1774-75). Dès 1830, les spectacles se donnent dans la salle du rez-de-chaussée du nouveau bâtiment du Casino – utilisée ensuite, à partir de 1898 pour les séances du Conseil communal — et à partir de 1842, l’Hôtel des Trois Couronnes accueille aussi des concerts dans son grand salon. Quelques habitants, dont plusieurs grands négociants, s’engagent ensuite pour que leur ville ait son propre théâtre. Ils se constituent en société anonyme (28.5.1863), dite Société de la salle de concerts et de spectacles (Sscs), réunissant 183 personnes et une mise de fonds par la prise d’actions à laquelle la Ville de Vevey souscrit à son tour pour plus du double. Située alors en bordure de la rue des Anciens-Fossés (actuellement rue du Théâtre), la propriété Perdonnet est achetée (7.3.1866) et la construction débute l’année suivante selon les plans de Samuel Keser, architecte veveysan. Le bâtiment est inauguré le 28 octobre 1868 avec un concert dirigé par Henri Plumhof. Les représentations dramatiques et lyriques professionnelles sont alors proposées le mercredi. Au cours de la première saison, elles sont données par la troupe genevoise du →Théâtre de Neuve, en alternance de décembre à février avec celle du →Théâtre de Neuchâtel, qui revient les saisons suivantes, sous la direction de Ferdinand Aimable Lejeune (1869-73). En 1871/72, cette troupe dessert le nouveau →Théâtre de Lausanne et dès lors les troupes sont attachées aux deux scènes: l’activité lausannoise comprend un jour de représentation hebdomadaire à Vevey sous les directions Vaslin (1873-77), Antoine Gaillard (1877-79), Charles Andraud (1880-81), Laclaindière (1881-85), Gaugiran (1885-87). De 1882 à 1888, le mécène Émile-Louis Roussy se charge en outre d’embellir les saisons du lieu, traitant notamment pour sa dernière saison avec les tournées d’→Alphonse Scheler, qui revient l’année suivante, puis en 1890/91, deux fois par mois avec la troupe qu’il constitue au Théâtre de Lausanne dont il a pris la direction. La présence versatile du public le décourage et le directeur du T. (1891-93) est ensuite le Veveysan Albert Roth de Markus dont le groupe théâtral d’amateurs →La Muse de Lausanne crée là Ô ma Patrie!, fantaisie patriotique en deux tableaux pour le 99e anniversaire de l’indépendance vaudoise (14.4.1902). Scheler, fort de ses succès lausannois, revient à son rythme bimensuel (1895-98). Constituée statutairement pour trente ans, la Sscs dure à peine quinze ans. Ses avoirs n’ayant couvert que la moitié du coût de construction et d’aménagement, elle a emprunté le reste, soit environ 100 000 francs, aux banques. En 1879, l’endettement est tel que la Ville saisit l’immeuble et règle les dettes; elle confie l’administration du lieu à la Société de développement puis à la Commission municipale du Théâtre qui négocie avec les directeurs successifs et les promoteurs de réalisations occasionnelles (concerts, récitals, spectacles d’amateurs). Les préoccupations municipales concernent exclusivement les locations de la salle et du café attenant. L’idée d’une subvention est toujours éludée. L’activité s’étiole et ne dépend plus à nouveau que de tournées, principalement parisiennes, alors qu’à Montreux la ville voisine où s’est construit un Kursaal en 1881, l’activité culturelle est soutenue et se développe durant toute cette période. À Vevey, le T. sert dès le début du XXe siècle à l’accueil épisodique de troupes de tournées et aux réalisations théâtrales d’amateurs. Une activité musicale de bon niveau se développe en revanche dès l’entre-deux-guerres en associant les intérêts locaux à ceux de Montreux. La commission musicale d’Arts et Lettres – association privée fondée en 1921 – contribue à notablement accroître le public mélomane de la région. Résidant quelques années à Vevey, la pianiste Clara Haskil donne de nombreux concerts au T., qui abrite désormais le concours international portant son nom. Dès les années cinquante, aux spectacles des tournées françaises répondent les tournées des Artistes du Théâtre municipal de Lausanne, puis dans les années soixante celles du →CDR, et ensuite l’équipe montreusienne du CRAC de →Jean-Pierre Duchoud et →Jean-Philippe Weiss.

Mise sur pied le 4 mars 1991, la Fondation des arts et spectacles obtient de la Ville la couverture juridique des lieux de spectacle qui sont en mains publiques: le T., la Salle del Castillo, le Théâtre de Verdure dans les jardins du Rivage et l’Espace de l’Oriental (ancien Théâtre Lux, qui servit surtout de cinéma), salle de 300 places dont s’occupe depuis 2001 la compagnie du →Théâtre-ensemble Chantier interdit. Le T. est alors entièrement rénové (1991-92) et un directeur est nommé par la Municipalité à l’automne 1991, →Philippe de Bros, qui dès la réouverture (10.6.1992) propose des saisons composées d’une quarantaine de spectacles, essentiellement d’accueil, dont une vingtaine de réalisations dramatiques, principalement françaises, une dizaine de spectacles lyriques ou de théâtre musical et quelques chorégraphies, ainsi que des spectacles pour enfants. Il soutient aussi quelques compagnies romandes qui réalisent là en premier lieu un ou deux de leurs spectacles. →L’Organon présente Andorra de →Max Frisch (1996) et la création en français de deux pièces de →Georg Kaiser, Octobre et Krehler secrétaire, mises en scène respectivement par →Simone Audemars et →André Steiger (10.1.1997). →Serge Campardon réalise deux de ses chorégraphies R❤J (1994) et Apnée tango (1998) et →Darius Peyamiras monte aussi On ne badine pas avec l’amour de Musset (1997).


Données techniques

adresse, avenue du Théâtre 4. 1° Le T. est érigé de 1867 à 1868; 8 plans sont remis plus tard par l’architecte Jean-Jacob-Samuel Keser à la Ville. La salle mesure 18 m. 90 de long pour une largeur de 15 m. 15 et le plafond est situé à 12 m. de haut. Le parterre à peine incliné est surmonté d’une galerie en fer à cheval. La jauge est de 600 places. L’ouverture du cadre de scène est de 7 m. 60 pour 4 m. 70 de hauteur; la scène a une profondeur de 5 m. 30 et la hauteur utile est de 8 m. 50. Un café attenant, s’ouvre deux semaines après le T. (11.11.1868). En mai 1887, 250 ampoules électriques remplacent l’éclairage au gaz. Une rénovation en 1941 porte la jauge à 610 places et agrandit la scène d’un proscenium arrondi de 2 m. 40 au centre et 1 m. 70 sur les côtés. 2° La reconstruction de 1991 et 1992 ne conserve que les murs extérieurs du bâtiment qui se devinent derrière les ajouts en verre bleuté et métal gris avançant sur la rue du Théâtre et sur la ruelle adjacente, ménageant l’espace pour des foyers, au rez-de-chaussée et à l’étage. La salle est agrandie à 700 places, par suppression du mur du fond de la galerie: le nouveau balcon de face est en gradins. La scène est abaissée et refaite entièrement. La maison de la rue du Conseil 31, adossée au T. et propriété communale, est démolie pour offrir des arrière-scènes et un accès direct depuis le quai de déchargement des camions, installé rue du Conseil. Les dimensions de la scène sont désormais de 14 m. sur 14 m., pour une ouverture de scène de 9 m. 50 sur 7 m. 50 de hauteur, et une profondeur totale, comptant l’avant-scène, de 16 m. Elle est complétée d’une tour de cintres de 14 m. et d’une fosse d’orchestre pour 40 musiciens avec fond mobile, du niveau de la scène à celui de la fosse. Les locaux pour les artistes sont entièrement repensés, de même que tout l’équipement. Les étages abritent une salle de répétition, des dépôts ainsi que les bureaux nécessaires à la direction du Théâtre. L’artiste peintre Jean Scheurer a mis en couleurs l’ensemble du bâtiment.

Bibliographie

  • Statuts de la Société de la salle de concerts et de spectacles, Vevey, Recordon, 1863.
  • Fédia Muller, "Vevey ou l’histoire d’un théâtre", in Feuille d’Avis de Vevey, 14, 19, 25.10 et 1.11.1977.
  • Jean-Marc Jenny, "Préserver et agrandir", texte tiré de la plaquette sans titre réalisée pour l’inauguration du T. rénové, Vevey, Direction de l’urbanisme, [1992].


Auteur: Joël Aguet



Source:

Aguet, Joël: Théâtre de Vevey, Vevey VD, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 3, p. 1916–1917.