Yvette Théraulaz
* 28.2.1947 Lausanne VD.
Après avoir joué le petit garçon Maboul dans Aladin et la lampe magique adapté et réalisé par Charles Forney avec le Théâtre d’enfants de Lausanne en novembre 1960, T. entre par dérogation à l’→ÉRAD, et en sort diplômée en 1965. Pendant ses études, elle joue une Salutiste dans la création en français de Sainte Jeanne des abattoirs de →Bertolt Brecht réalisée par →Benno Besson au →Théâtre Municipal de Lausanne (8.5.1962) et se rend à Paris pour suivre les cours de Tania Balachova (1963). De retour en Suisse en 1964, elle participe aux créations collectives du →Théâtre Populaire Romand (TPR) dont Jeunesse 65 (1965), La Vie secrète de Léopold S… (1969), La Double Migration de Job Cardoso (1970). Pour →Charles Joris, elle y joue Amalia la femme du héros dans Le Soleil et la Mort de →Bernard Liègme (20.7.1966) et la Princesse dans Le Prince travesti de Marivaux (1969). Elle est aussi l’institutrice Tatiana dans Les Petits Bourgeois de Gorki que présente Gaston Jung, (1966). Au →Théâtre de Carouge ensuite, elle crée en français le rôle de Louise dans Baal de Brecht réalisé par →François Rochaix (20.6.1972), puis lors de la reprise en octobre 1972, elle est la sensuelle chanteuse Savettka. Elle fait partie des fondateurs du →T’Act et joue en 1975 sous la direction d’→André Steiger dans Le Voleur d’épouses de Kuan Han King au →Caveau, puis dans L’Impresario de Smyrne de Goldoni où elle interprète la cantatrice vénitienne Tognina à la Maison de quartier de la Jonction; en 1976, elle est de même Mme Amelin dans Les Acteurs de bonne foi de Marivaux au →Centre Dramatique de Lausanne (CDL). Pour Steiger au CDL, elle a aussi plusieurs rôles dans la création de Au malheur des dames de →Michel Beretti (15.1.1980), puis elle est la Mère dans Victor ou les Enfants au pouvoir de Roger Vitrac (1981) et, à la →Comédie de Genève, Dorine dans Tartuffe et Martine dans Les Femmes savantes de Molière (1981). En 1983, dirigée par →Martine Paschoud, elle commence à tenir les premiers rôles : elle est Vera Baxter dans la pièce éponyme de Marguerite Duras au CDL puis, au →Nouveau Théâtre de Poche (NTP), elle joue la femme mariée et la comédienne dans La Ronde de Schnitzler (1984-86), et Clotilde, La Parisienne d’Henry Becque (1985). Pour →Michel Voïta, elle est Tekla dans Créanciers et Mademoiselle X dans La Plus Forte, deux pièces de Strindberg (1984) et pour →Armand Deladoey, elle dit le monologue Credo d’Enzo Cormann (1985). Elle crée ensuite le rôle de Marie dans Nuit d’orage sur Gaza de et mis en scène par →Joël Jouanneau (11.3.1987) pour lequel elle est aussi Klara, la directrice de la Société de tolérance dans Les Enfants Tanner de →Robert Walser au Théâtre de la Bastille (1990) et la Générale dans L’Idiot d’après Dostoïevski au →Théâtre Vidy-Lausanne (1995). Au NTP pour →Philippe Morand, elle incarne des femmes d’une grande sensibilité, comme la poétesse Emily Dickinson dans Émilie ne sera plus jamais cueillie par l’anémone de Michel Garneau (1989, 2001) ou Nora dans Maison de poupée d’Ibsen (1992) ou encore Eva dans L’Échappée de →Philippe Lüscher à Vidy (19.1.1993). Elle prête sa voix à celle de Leyla Chammas dans Leyla récit d’exil au →Théâtre Saint-Gervais (17.6.1995). À la Comédie, elle joue Sichel la belle juive dans Le Pain dur de Claudel mis en scène par →Claude Stratz (1992). Dès 1995, elle interprète plusieurs rôles de mères fortes et écorchées. Elle crée ainsi en français sous la direction de Philippe Van Kessel le rôle principal dans Le Courage de ma mère de George Tabori au Théâtre national de Belgique (20.01.1995). Pour Joël Jouanneau à Vidy, elle tient le rôle de la Mère dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne (25.2.1997) comme dans Juste la fin du monde (1.10.1999), deux pièces de Jean-Luc Lagarce. Sous la conduite de Jean-Paul Wenzel, elle est la mère du blessé dans Blessures au visage aux Fédérés de Montluçon (15.3.2002) et la mère éperdue de L’Amour d’un brave type à la Comédie (2.3.2004), deux pièces de Howard Baker. Pour Jean-Claude Berutti enfin, elle incarne Lioubov dans La Cerisaie de Tchekhov au Théâtre du Peuple de Bussang (2003). Sous la direction de →Denis Maillefer, elle joue une rescapée dans La Supplication d’après Svetlana Alexievitch aux anciens ACMV - Ateliers de constructions mécaniques de Vevey (2001) et Lady dans La Descente d’Orphée de Tennessee Williams au Théâtre de Carouge (2003). Elle crée le rôle-titre de Jenny-tout-court de Michel Beretti au TPR monté par Gino Zampieri (22.10.2002). Depuis 1977, elle mène aussi une carrière d’auteur-interprète très engagée pour la cause des femmes et donne, notamment avec la pianiste Dominique Rosset, de nombreux récitals dans toute la francophonie, dont Rien ne me manque sauf moi-même (1990) ou … Se faire horizon…(1999), et en duo avec →Pascal Auberson, À table! (1996). Elle participe aux réalisations du →Théâtre Musical dont Le Cœur du Monde d’après Henri Gougaud à la →Grange de Dorigny (1996) et Perdants magnifiques au NTP (1999). Elle a reçu le grand prix de la Fondation vaudoise pour la promotion et la création artistiques (1992) et le prix de la Fête du comédien du Théâtre du Grütli (2001). Un portrait filmé lui est consacré: Y. T., comédienne et chanteuse (Plans-fixes n° 1098, 1991).
Bibliographie
- "Die Schauspielerin Y. T.", in Marcel Schwander, Deutsch & Welsch. Ein Brückenschlag, Berne, Zytglogge, 1991.
Autrice: Rita Freda
Source:
Freda, Rita: Yvette Théraulaz, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 3, p. 1939–1940, voir figure p. 1939.