Greta Prozor

Aus Theaterlexikon - CH
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*  28.12.1885 Paris (F), †  14.2.1978 Genève. ∞  Augustin Currat, peintre. Fille du comte P., Lithuanien qui fut ambassadeur de Russie et grand traducteur d’Ibsen en français.

Si elle n’a pas été historiquement à Paris la première à dire le rôle d’Hedda Gabler d’Ibsen, on la considère néanmoins comme la créatrice du personnage en français, la première à l’avoir compris et fait triompher en janvier 1911 au Théâtre de l’Œuvre, dans une mise en scène de Lugné-Poe. Elle y gagne la réputation de pouvoir interpréter les textes les plus littéraires. À l’Œuvre avec Lugné-Poe cette saison-là, elle participe aussi à plusieurs créations: L’Amour de Kesa légende japonaise adaptée par Robert d’Humières (18.11.1910), Malazarte de l’auteur brésilien Graça Aranha en février et Le Philanthrope ou la Maison des amours de Jehan et Henri Bouvelet en juin 1911 au Théâtre Réjane. Elle joue aussi dans les reprises à l’Œuvre et en tournée de deux pièces d’Ibsen: Rosmersholm, où elle est la gouvernante Mme Helseth, et Jean-Gabriel Borkman, tenant le rôle de Mme Borkmann. Lorsqu’en novembre 1915 →Ernest Fournier prépare Hedda Gabler d’Ibsen à la →Comédie de Genève, il fait appel à elle pour le rôle-titre, au côté de →Georges Pitoëff engagé pour être Lövborg. Elle apporte ensuite son concours à la Compagnie Pitoëff, à Genève, notamment dans Les Revenants d’Ibsen au printemps 1916 et dans La Mort de Tintagiles de Maeterlinck où elle joue Ygraine à la Salle communale de Plainpalais (1920). Au cinéma, elle tient en 1922 un des deux rôles féminins de La Croix du Cervin, d’après le roman de Charles Gos. À Paris, elle fréquente le milieu des peintres, passe pour l’inspiratrice des artistes du Bateau-Lavoir, et Henri Matisse la dessine, puis peint son portrait (1916); de sa voix grave et bien placée, elle dit les textes des grands poètes du début du siècle (1915-30). Avec le groupe littéraire du Canard sauvage, elle crée au Nouveau-Théâtre (ancien Théâtre Grévin) le rôle-titre dans La Souriante Madame Beudet, épouse incomprise et meurtrie, et les auteurs Denys Amiel et André Obey lui dédient la pièce (16.4.1921). On souligne alors sa vive et profonde sensibilité. Elle est aussi Madame dans Intimité de Jean-Victor Pellerin que met en scène Gaston Baty au Théâtre des Mathurins (9.5.1922). À Genève, elle crée Médée, protagoniste de La Barbare d’Ami Chantre (29.4.1924), et de ce poète elle monte à la Comédie avec le concours de Pierre Valde La Ligne brisée, quatre actes où elle joue Jeanine (11.10.1933). Elle interprète Catherine dans Crime et Châtiment de Dostoïevski adapté par Gaston Baty et réalisé par →Jean Mauclair au →Théâtre Municipal de Lausanne (1935). Ce spectacle est aussi présenté à la Comédie, où elle crée le personnage d’Antoinette dans Huis clos de et monté par →Jean Bard (5.5.1936), et incarne quelques jours plus tard Frosine dans L’Avare de Molière. Elle intervient en vedette dans La Source de vie du pasteur Mutrux que présente Jean Bard à la Salle de la Réformation (14.6.1936). Elle travaille aussi ponctuellement avec le groupe de →théâtre ouvrierL’Effort, de Genève. Installée en Suisse romande, elle crée au Théâtre de La Chaux-de-Fonds deux pièces de →Jean-Paul Zimmermann: avec Jean Bard, elle est Angèle, femme du maître intransigeant du domaine Les Vieux-Prés (15.3.1939), puis dans une réalisation de →Jacques Cornu avec →Les Tréteaux d’Arlequin, elle interprète Corinne dans Le Retour (29.10.1942); elle met aussi en scène la compagnie notamment en créant Le Sein de la famille de Félix Vallotton (7.12.1944). À la Comédie en 1939, elle est la Patronne dans Angelica de Leo Ferrero. De ce jeune poète disparu, elle réalise avec la Compagnie Jean Bard Les Campagnes sans Madone au Casino de Saint-Pierre, où elle incarne aussi la Mère dans Le Mystère du fils prodigue de Charly Clerc (1941) et crée le personnage de la Vieille servante dans Joie des femmes de →William Thomi sous la direction de Jean Bard (20.3.1941). En 1945, elle joue au →Grand Théâtre de Genève, avec les Compagnons de Romandie que mène Jo Baeriswyl, le Prince des Royaumes de la Terre dans Miguel Mañara de Milosz, rôle qu’elle avait créé dans un salon parisien avec le Théâtre idéaliste de Carlos Larronde, en 1914. Elle compte dès lors surtout par son enseignement, car elle reprend la classe d’art dramatique de →Carmen d’Assilva au →Conservatoire de Genève (1939-65), où elle a pour élève →André Steiger, →Gérard Carrat, →Richard Vachoux, →André Neury, →Gilbert Divorne, →Béatrice Perregaux, entre autres.



Auteur: Joël Aguet



Source:

Aguet, Joël: Greta Prozor, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 2, p. 1437–1438, voir figure p. 1437.