Jean-Jacques Rousseau

Aus Theaterlexikon - CH
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*  28.6.1712 Genève, †  2.7.1778 Ermenonville (F).

Écrivain et philosophe des Lumières, R. applique au théâtre, à la danse et à l’opéra, une esthétique de la simplicité qu’il développe surtout à partir de la musique, en tant qu’expression artistique par excellence de la nature. À Paris, dès 1742, il compose et écrit le livret du ballet héroïque Les Muses galantes, et collabore avec Rameau et →Voltaire pour Les Festes de Ramire, représentées à Versailles (22.12.1745). Le Devin du village, intermède pastoral donné pour la première fois devant le roi Louis XV à Fontainebleau (18.10.1752), reste son ouvrage le plus fréquemment joué. Repris en 1753 par l’Académie royale de musique, le jeu de pantomime qu’il introduit dans la dernière scène est le premier exemple du genre à être interprété à l’Opéra de Paris (1.3.1753). Plus tard, l’Opéra accueille aussi Pygmalion, scène lyrique où la collaboration entre le monologue et la musique annonce le drame musical du XIXe siècle (1772). Dans le domaine de la comédie, l’auteur donne Narcisse ou l’Amant de lui-même, joué au Théâtre Français (18.12.1752), qui vaut pour l’originalité du portrait du fat, type de personnage dont il adoucit les traits en décrivant l’amour sincère qu’il ressent à son propre égard. En 1758, il renouvelle les termes de la querelle du théâtre, s’opposant à Voltaire devenu presque Genevois alors que lui n’y vit plus guère. Dans sa Lettre à d’Alembert (1758), il dit son admiration du théâtre et des grandes comédies de Molière, pour en dénoncer aussitôt les effets sur le public. Accusant le théâtre parisien d’exciter les passions, de corrompre les mœurs et de favoriser le relâchement du travail des peuples industrieux, il vante comme idéal la fête publique en plein air, les bals populaires, la célébration des corps de métier et des assemblées collectives, qu’il juge mieux à même de célébrer et de renforcer les petites communautés qui ne sont pas encore perverties par le goût du paraître. Durant la Révolution française, ses thèses inspirent en France notamment les fêtes républicaines. En Suisse, elles sont fréquemment évoquées lorsque s’élaborent de nouvelles démarches populaires, théâtrales ou festives, de →Rodolphe Töpffer à →Charles Apothéloz, en passant par →René Morax et la →Fête des Vignerons de Vevey.

Bibliographie

  • Maximilien Fuchs, édition critique de Lettre à d’Alembert sur les spectacles, Genève, 1948.
  • Margaret M. Moffat, R. et la querelle du théâtre au XVIIIe siècle, Paris, 1930.
  • Robert Niklaus, "Diderot et R. pour et contre le théâtre", in Diderot Studies, 1963.
  • Jean Rousset, "R. et l’avenir du théâtre à Genève", in Revue roumaine d’études littéraires, 1974.


Autrice: Valérie Petitpierre



Source:

Davier, Anne: Raoul Lanvin, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 3, p. 1078.