La Muse, Lausanne VD

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Groupe théâtral d’amateurs (1890-1950)

Fondée à Lausanne le 29 août 1890, la M. a pour but le développement culturel de ses membres. Elle présente d’abord des pièces en un acte, notamment celles de Labiche, aux soirées annuelles des sociétés amies, puis s’affirme et réalise, en février 1899, Judith Renaudin, cinq actes de Pierre Loti. Dès 1899, elle fait appel aux services de →Johannès Darcourt, alors jeune premier comique au →Théâtre de Lausanne (TL), pour diriger la réalisation de la pièce de Gerhart Hauptmann Les Tisserands (1899). Six de ses membres cautionnent Darcourt pour l’aider à prendre la direction du TL (1900-06), d’où il continue de guider artistiquement leur travail, notamment pour leur reprise de La Nuit des quatre-temps de →René Morax (1902). En février 1900, Auguste Huguenin est nommé président de cette société théâtrale, dont il reste dès lors le principal animateur pendant un demi-siècle. Comme on le voit par son répertoire du tournant du siècle, elle défend le courant théâtral naturaliste: dans ce registre, elle joue encore par exemple en 1901 La Poigne de Jean Jullien qu’elle tourne en Suisse romande (1902). De Morax, elle crée aussi La Bûche de Noël au TL (18.11.1902) et donne en une soirée Le Rendez-vous d’Elvire suivi de Sac-à-douilles, deux créations (1.3.1904) couronnées par Les Quatre Doigts et le Pouce ou la Main criminelle. Au →Théâtre de Vevey, elle crée Ô ma Patrie!, fantaisie patriotique en deux tableaux d’Albert Roth de Markus, pour le 99e anniversaire de l’indépendance vaudoise (14.4.1902). Collaborant avec la Société littéraire, les étudiants de Belles-Lettres et de Zofingue, elle fournit une vingtaine de ses acteurs pour la création de la pièce historique d’Henri Warnery Le Peuple vaudois, sur une musique de →Gustave Doret au TL (14.4.1903). À l’issue du banquet du Club Alpin, à l’Hôtel Beau-Site, elle crée Mollie-Margot à la montagne, deux actes de Jules-Henri Blanc (23.1.1904) qui lancent la "vaudoiserie" au théâtre. Elle poursuit à raison de deux à quatre pièces "sérieuses" par année, comme en 1904 Une Faillite de Björnstjerne Björnson et L’Honneur d’Hermann Sudermann au printemps, puis en octobre Lucifer, drame philosophique italien en quatre actes d’E.-A. Butti et L’Épidémie d’Octave Mirbeau. Elle crée aussi Morgarten, pièce historique inédite en quatre actes, en vers, de →Virgile Rossel, musique d’Alexandre Dénéréaz (14.2.1905), Sur la Pente (16.2.1906) et Rose (3.3.1909) de Benjamin Vallotton, L’Eau courante, cinq actes d’Édouard Rod, avec une musique d’→Émile Jaques-Dalcroze (4.2.1907), Vers la paix!, drame en trois actes de Jeanne Pictet en septembre 1907. Les plus grandes affluences de public ces années-là vont à deux pièces de Julien Monnet et de Marc-Ernest Tissot, créées au Kursaal de Lausanne: Favey, Grognuz et l’Assesseur à l’Exposition de Paris (15.4.1909), puis sa suite, Le Mariage de l’Assesseur (5.5.1910). Pour son vingt-cinquième anniversaire, elle crée Le Vertige, acte inédit de Virgile Rossel (29.8.1915). Elle crée aussi abondamment les œuvres de l’un de ses membres, →Marius Chamot, qui fonde en son sein en 1915 le →Théâtre Vaudois: François de la Goille en novembre 1913, D’accord! (27.10.1917), Jean-Louis aux frontières (3.10.1918), Le Dragon Bougnet (24.9.1919), reprenant en même temps son opérette alpestre La Rose du chalet, sur une musique de Gustave Waldner, et encore Pas tant de manières! au Kursaal de Lausanne (16.2.1921). Elle crée aussi deux pièces de César Amstein, L’Exode et Maison de repos (15.11.1919). En 1920 au TL, elle donne en août Le Mystère de la chambre jaune, cinq actes tirés par Gaston Leroux de son roman policier, et en novembre elle crée Les Naufragés de Bellegarde, vaudeville inédit en quatre actes d’Oscar Perrollaz. Vers 1920, ses principales réalisations du répertoire français sont L’Assommoir d’après Zola, Les Jumeaux de Brighton de Tristan Bernard, Les Rantzau d’Erckmann-Chatrian, Le Maître de forges­ de Georges Ohnet, Les Conquérants de Charles Méré. Au printemps 1921, elle donne Le Major Davel, drame en cinq actes d’Oscar Hurt-Binet et Eusèbe-Henri Gaullieur créé septante ans plus tôt et qui obtient encore une rare adhésion du public: elle lance alors un concours visant à obtenir une pièce nouvelle sur ce même sujet, pour la jouer lors des fêtes du bicentenaire: le gagnant est Maurice Constançon, dont le Davel, en six actes et huit tableaux, est exécuté à son tour (28.3.1923). Elle prend part aux Concours de la Fédération internationale des sociétés de théâtre amateur à Marseille (1923) et à Genève (1924) où elle remporte les premiers prix et se trouve classée en division supérieure de la section A. Elle est aussi l’une des sociétés fondatrices de la FSRSTA (→FSSTA) à Lausanne (2.5.1926). Par la suite, elle crée encore notamment La Foire au mariage d’→André Marcel à Lausanne, au Casino de Montbenon (22.4.1939) et Je tiendrai un journal à la main de →William Aguet (1941). Toujours dirigée par Huguenin, elle organise le 23e Congrès de la FSSTA et le sixième Concours romand d’art dramatique et lyrique, à Lausanne, les 8 et 9 juin 1946. Cet effort semble épuiser la société qui disparaît dans les années suivantes.



Auteur: Joël Aguet



Source:

Aguet, Joël: La Muse, Lausanne VD, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 2, p. 1298–1299.