Ludmilla Pitoëff

Aus Theaterlexikon - CH
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*  25.12.1895 Tiflis (ancienne Russie, actuellement Tbilissi, Géorgie), †  15.9. 1951 Rueil-Malmaison (F). Née Ludmilla de Smanov. ∞ 1915 (Paris) →Georges P. Mère de Sacha P., comédien et metteur en scène.

Dès 1910, elle prend des cours d’art dramatique à Paris, auprès de Paul Mounet et prépare l’entrée au Conservatoire, où elle est refusée. Elle rencontre et épouse P. à Paris, puis le suit en Suisse romande. Elle tient dès lors le jeune rôle féminin principal dans la plupart de ses mises en scène, créant quelques personnages marquants du répertoire de l’entre-deux-guerres. À Genève elle incarne­ notamment Marthe dans L’Échange de Claudel (1917), Hébé dans La Ville morte de D’Annunzio (1918), Varvara dans L’Orage d’Ostrovski (1919), le rôle-titre dans Mademoiselle Julie de Strindberg (1919), Marguerite Flaherty dans Le Baladin du monde occidental de Synge (1919). Elle est aussi, en 1920, Tintagiles dans La Mort de Tintagiles et Tyltyl dans L’Oiseau bleu, de Maeterlinck, Ophélie dans Hamlet de Shakespeare (1920). Elle crée le rôle de la Pauvre Gabrielle dans Bourg-Saint-Maurice de →Fernand Chavannes (27.10.1920), celui de Sonia dans Oncle Vania, qu’elle traduit avec son mari et Chavannes (8.1.1921), puis Nina dans La Mouette (3.10.1921), de Tchekhov. Elle est aussi Judith dans Le Disciple du Diable de G. B. Shaw (19.11.1919), l’Ingénue dans Les Ratés (16.1.1920) et Fearon dans Le Mangeur de rêves (11.1.1922), d’Henri-René Lenormand. En 1921, on retient encore son interprétation de Marguerite Gautier dans La Dame aux camélias et celle de la Salomé d’Oscar Wilde. Très appréciée du public suisse pour la ferveur qu’elle donne à ses personnages, elle devient vite à Paris une vedette. Si elle joue parfois dans d’autres réalisations que celles de son mari, c’est avec lui qu’elle tient encore ses meilleurs rôles en s’engageant tout entière pour incarner des héroïnes comme Jeanne dans Sainte Jeanne de G. B. Shaw (28.4.1925) ou Eurydice dans Orphée de Jean Cocteau (5.6.1926) et Antigone dans Œdipe d’André Gide (19.2.1932). Plus bourgeoisement, elle crée aussi le rôle-titre dans Mademoiselle Bourrat de Claude Anet (12.1.1923) et Thérèse c’est-à-dire La Sauvage d’Anouilh (12.1.1938). Elle joue pour la première fois en français Irina dans Les Trois Sœurs de Tchekhov (16.1.1929), les cinq rôles féminins de La Ronde de Schnitzler (29.9.1932), et dans trois grandes pièces de Pirandello, elle est la Belle-Fille dans Six personnages en quête d’auteur (10.4.1923), Frida dans Henri IV (24.2.1925), Mimi dans Ce soir on improvise (19.1.1935). Elle est aussi, entre autres, Nora dans Maison de poupée d’Ibsen (1930). Après la mort de son mari à Genève en 1939, elle reprend durant quelques mois en Suisse romande ses principaux succès des dernières années parisiennes, notamment accompagnée de Michel François (→François Simon), et avec un temps le soutien de Jean Leclair (→Alexandre Blanc). Elle joue notamment "Tu ne m’échapperas jamais" de Margaret Kennedy, avec son fils Sacha, sa fille Nadia, →William Jacques et Nora Sylvère, ainsi que L’Échange de Claudel avec →Jean Bard et Iris Avichay, puis ensuite avec →Germaine Tournier. Elle incarne Lumir dans Le Pain dur de Claudel que monte François Simon. Ensuite, elle part aux États-Unis et au Québec, où elle peut jouer en français, revenant à Paris après la Libération pour plusieurs reprises des anciens succès de la troupe des P. Ruinée, elle joue alors dans d’autres théâtres, dont le Saint-Georges où elle crée le rôle-titre dans Miss Mabel de R. C. Sherriff que met en scène Jean Mercure (3.10.1949) puis, au Noctambule, celui de Charlotte Brontë dans Survivre de Michel Philippot (17.4.1951). Pour le cinéma dès 1937, elle tient son propre rôle de grande comédienne dans une demi-douzaine de films dont Mollenard réalisé par Robert Siodmak (1938), Le Comédien de et tourné par Sacha Guitry (1947), Les Eaux troubles d’Henri Calef (1949). Elle joue aussi Sœur Gabrielle dans La Danseuse rouge tourné par Jean-Paul Paulin, et la Tante Thérésa dans Le Puritain de Jeff Musso (1938). Sa fille cadette, Aniouta P., a laissé un livre de souvenirs, L. ma mère (Paris, Julliard, 1955).

Bibliographie

  • Jacqueline Jomaron, Les P., un roman théâtral, Paris, Champion, 1996.


Auteur: Joël Aguet



Source:

Aguet, Joël: Ludmilla Pitoëff, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 2, p. 1414–1415, voir figure p. 1414.