CDR - Centre Dramatique Romand, Lausanne VD

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Compagnie indépendante de théâtre (1953-59) puis organisme de production (1959-69)

En août 1953, →Paul Pasquier présente Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni sous le nouveau label du Centre dramatique romand (Cdr), jeune compagnie composée en partie de ses propres élèves, parmi lesquels →Marcel Imhoff, →Claire Dominique, →Pierre Ruegg. Le mois suivant, il propose George Dandin de Molière et La Jarre de Pirandello, donnés eux aussi dans les jardins lausannois de l’Abbaye de l’Arc; y apparaissent →Nelly Borgeaud, →Bernard Arczynski, Yette Perrin, →Jacqueline Burnand. Après On ne badine pas avec l’amour de Musset 1954/55, il monte Œdipe roi de Sophocle dans la version d’André Bonnard en confiant les rôles principaux à des comédiens chevronnés et présente le spectacle à Paris (1955). Le Cdr crée ensuite en français Terre sans ciel de →Cäsar von Arx au →Théâtre Municipal de Lausanne (TML) avec dix comédiens de métier et vingt jeunes (9.4.1957). Ces deux réalisations épuisent les moyens du Cdr, qui entre en sommeil. Lorsque au cours de l’automne de 1959 →Charles Apothéloz est nommé à la tête du département dramatique du TML, il regroupe plusieurs organismes de production théâtrale lausannois, dont →les Faux-Nez qu’il dirige, les Tournées des artistes du TML, compagnie indépendante depuis 1946 et dont le directeur-administrateur est →Claude Mariau, et relance celui de Pasquier, dont le label est repris en majuscules pour désigner bientôt l’organisme de coordination des programmes et des budgets de la création théâtrale lausannoise (1960-65), puis officiellement le Théâtre lui-même (1965-69). Le CDR tente d’organiser toute la production professionnelle romande, mais se heurte à la volonté d’indépendance des autres structures alors existantes, aux Neuchâtelois des Spectacles de Suisse française de →Jean Kiehl et du →Théâtre Populaire Romand dirigé par →Charles Joris, et aux principaux producteurs genevois comme →François Simon à la tête du →Théâtre de Carouge, →Guillaume Chenevière alors administrateur du →Nouveau Théâtre de Poche, Genève GE. Le CDR présente à Lausanne et en Suisse romande grâce aux Tournées du CDR l’activité de metteurs en scène comme →Pierre Almette, →Pierre Walker, Paul Pasquier, →Paul-Henri Wild, les réalisations du Piccola Opera de Daniel Reichel, →Armand Abplanalp, →Philippe Mentha, →William Jacques. La nouvelle structure est contrainte de voisiner durant deux saisons avec les spectacles de tourneurs parisiens, qu’elle supplante ensuite, proposant au TML, au →Théâtre de Beaulieu ou aux Faux-Nez des saisons qui comptent dès 1960/61 une dizaine de productions lausannoises, avec autant d’accueils de réalisations romandes ou provenant des centres dramatiques français. Parmi les réalisations d’envergures de cette époque, on retient le cycle de pièces de →Friedrich Dürrenmatt et de →Max Frisch, pour la plupart créées en français et mises en scène par Apothéloz, dont La Muraille de Chine de Frisch qui représente la Suisse à l’Exposition universelle de Montréal 1967. La création en français de plusieurs pièces de →Bertolt Brecht, dont Sainte Jeanne des abattoirs que vient mettre en scène →Benno Besson au TML (8.5.1962), puis d’autres réalisées aux Faux-Nez par →Alain Knapp, puis Patrick Antoine. Un important soutien est apporté au Théâtre de Carouge devenu itinérant pour la saison 1967/68. Ne voulant plus dépendre d’Apothéloz et du CDR, pour ses activités, l’équipe du →Théâtre Boulimie, Lausanne VD, sous la direction de →Lova Golovtchiner et →Martine Jeanneret, demande et finit par obtenir des autorités lausannoises un soutien indépendant dès 1969. Les principales tendances alors réunies par le CDR en espèrent autant et se séparent en plusieurs entités. Deux groupes de théâtre de recherche se fondent hors de l’institution : le Théâtre-Création mené par Alain Knapp, alors que →Jacques Gardel réunit une équipe et entame un processus de trois ans de formation au →Théâtre Onze, Lausanne VD. Les comédiens classiques se retrouvent pour la plupart au sein des →Artistes Associés de Lausanne. Après cet éclatement, l’institution prend le nom de Centre Dramatique de Vidy (1969-71), puis dès 1972 de Centre Dramatique de Lausanne (CDL), qui obtient la structure juridique d’une fondation sous ce label conservé jusqu’en 1989, avant de devenir →Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne VD.

Bibliographie

  • Claude Vallon, Le Dossier canadien du théâtre romand, Lausanne, L’Âge d’homme, 1967.
  • Michel Vuille, "Situation actuelle de l’art dramatique lausannois", mémoire de licence, Faculté des sciences politiques et sociales de l’Université de Lausanne, 1971.
  • Michel Vuille et al., "Jeux et enjeux dans la politique culturelle lausannoise en matière de théâtre dramatique", in Revue Suisse de Sociologie no 3 - 1976, Genève.
  • Joël Aguet, Charles Apothéloz, cris et écrits, Lausanne/Willisau, Payot/Theaterkultur, 1990.


Auteur: Joël Aguet



Source:

Aguet, Joël: CDR - Centre Dramatique Romand, Lausanne VD, in: Kotte, Andreas (Ed.): Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 1, p. 365–366.